Organisée en collaboration avec le Comité de quartier du Mont (que nous remercions pour son accueil), notre rencontre littéraire d’automne s’est déroulée le jeudi 8 octobre à la salle sous la chapelle.
Nos invités : Mario Gotto pour son recueil de nouvelles Le bouillon noir de ma mère (2015) et Giovanni Lentini pour son deuxième roman J’irai plus loin (2015), tous deux publiés aux éditions du Cerisier (Borinage).
Recevant deux auteurs issus de l’immigration italienne, nous les avons questionné en introduction sur l’afflux actuel en Europe de centaines de milliers de réfugiés qui fuient les situations de guerre au Moyen orient. Directeur du CIRE (Centre d’initiatives pour réfugiés et étrangers) de 1991 à 2002, Mario Gotto a été fortement impliqué dans la campagne visant la régularisation d’un grand nombre de réfugiés en 1999, après une vague d’occupations d’églises à Bruxelles.
Mario a dit sa conviction que l’immigration était un phénomène récurrent et normal dans les situations de crise (notamment de guerres) et qu’elle représentait un enrichissement humain pour les pays d’accueil, notamment lorsque les réfugiés proviennent de pays au niveau d’éducation élevé comme dans le cas de la Syrie.
Giovanni Lentini s’est montré moins optimiste. D’après lui, dans la situation de crise financière et de repli qu’on connaît en Europe, on peut craindre que l’arrivée massive des réfugiés n’alimente la xénophobie ambiante. Il a comparé la situation actuelle à celle de l’avant-guerre, dans le contexte de la grande crise de 1929.
Des nouvelles et un roman
On est ensuite passé au plat principal, en abordant les ouvrages des deux auteurs. Mario Gotto a expliqué la genèse du projet de son recueil : au départ, il a commencé en 2010 à tenir un blog pour donner des informations aux clients de son restaurant bio. Ensuite, le restaurant ayant interrompu ses activités environ deux ans, le temps de s’installer dans un nouveau lieu, Mario s’est mis à écrire une sorte de feuilleton pour garder le contact, ainsi que des textes plus personnels sur son enfance. C’est de là qu’est née l’idée de faire un recueil à partir de certains de ses textes.
Ses nouvelles puisent principalement leur inspiration dans des épisodes de son enfance dans un quartier d’immigration italienne à La Louvière, évoquant la cuisine de sa mère, les contacts avec les mineurs italiens vivant dans des cantines et l’atmosphère chaleureuse du voisinage où les Belges et les Italiens se côtoyaient en bonne intelligence.
Dans J’irai plus loin, Giovanni Lentini aborde le parcours d’une navetteuse sérésienne qui a noué des relations très amicales avec d’autres transhumants, dans le train qui la conduit à Bruxelles pour son travail et l’en ramène le soir. Jusqu’au jour où elle décide de ne pas descendre à la gare centrale et de poursuivre le voyage jusqu’à Ostende, dans le cadre d’une quête d’émancipation personnelle qui va la conduire à chambouler fortement le train de sa vie.
Après la rencontre, le public attentif a pu poser quelques questions aux auteurs, qui ont dédicacé leur livre pendant le verre de l’amitié. Encore une soirée passionnante et amicale autour du livre !
En espérant se revoir au printemps pour une nouvelle rencontre !