En mars 2007, en collaboration avec la faculté d’architecture de l’Ulg, le comité de quartier a poursuivi la réflexion entamée les années précédentes sur les espaces publics à Tilff. Au terme de cette collaboration une conférence a été proposée aux Tilffois-e-s. Elle a été suivie d’une exposition de travaux d’étudiants en architecture : maquettes et plans y concrétisaient des propositions pour le centre de Tilff et y côtoyaient des dessins d’enfants des écoles primaires.
Les espaces publics sont l’objet d’un intérêt affirmé du comité de quartier Tilff–Centre depuis sa création en 2011. Ainsi a-t-il initié plusieurs activités sur les questions d’aménagement de territoire et de mobilité au cœur de la cité. La réflexion que les habitants ont été conviés à partager avec des professionnels1 invités à des débats publics a élargi les points de vue. Il est apparu que penser les espaces publics exigeait une approche globale : considérer tout à la fois les déplacements, les habitats, les espaces verts, etc en lien étroit avec les activités humaines et cela, sur l’ensemble de l’entité.
Les espaces publics constituent un élément d’enjeu fondamental à la fois sur le plan du développement durable et de la qualité de vie des habitants d’aujourd’hui et de demain ; deux aspects intimement liés et donc indissociables.
Bien qu’ayant une histoire lointaine, le développement de la localité est principalement le fruit de l’industrialisation du XIXeme siècle (fonderies et laminoirs) et de l’installation de villas destinées à la villégiature à flanc de coteaux ou sur les lignes de crête, et ce, autour de ses ressources premières que sont la vallée et l’Ourthe.
La politique du « tout à la voiture » a donné le jour dans les années 70 à la construction d’une liaison autoroutière connectant directement le centre de Tilff (et la vallée de l’Ourthe) au réseau autoroutier majeur situé en hauteur. Cette infrastructure « performancielle » modifiera profondément les équilibres de la structure urbaine jusque-là en accord avec la morphologie du site et le paysage.
Le débat vif engagé aujourd’hui autour de la construction du nouveau pont de Tilff est très révélateur de cette divergence encore existante entre d’une part, intérêts locaux et de qualité de vie et d’autre part, intérêts de la consolidation du réseau routier régional et de la gestion efficace des flux de circulation.
L’espace public peut être l’objet de contradictions qu’il importe de résoudre en recherchant le sens des aménagements à concevoir. Un cheminement pour piéton, un espace réservé aux véhicules, un lieu de rencontre des habitants, un espace de jeux des enfants, etc : quels sont leurs effets attendus, dans quelle perspective, leurs impacts possibles, attendus ou non, pour qui, , de quel sens sont-ils porteurs pour les usagers ?
La pensée contemporaine sur l’architecture de la ville et du paysage prône le retour à une mise en équilibre de l’organisation du territoire autour de nouvelles valeurs culturelles respectueuses de l’environnement naturel et humain et donnant de la capacité d’épanouissement à chacun. Elle se préoccupe de la façon de concilier ces différents intérêts autour de projets forts.
Une conférence a introduit cette approche. Ensuite, les étudiants ont présenté des projets d’aménagement du centre de Tilff sous forme de maquettes et de plans dans une exposition le week-end qui a suivi. Sous le titre de « Espaces publics – Espaces de vie », ce double événement a attiré un public nombreux : au total 350 personnes ont manifesté leur intérêt pour une autre approche de l’aménagement des espaces publics à Tilff. La commune a apporté son appui pour l’organisation de ces événements qui sont l’aboutissement d’une collaboration de plusieurs mois entre la Faculté d’architecture, (Elisa Baldin, Marc Goossens, Rita Occhiuto, Sébastien Ochej et Virginie Pigeon) et le groupe « urbanité » constitué au sein du Comité de quartier.
La conférence : le 15 mars 2017 au château de Brunsode
Devant un public attentif, les conférenciers ont entrouvert quelques portes, sur l’apport de l’architecture de la ville et du paysage actuelle à des questions comme celles qui se posent à Tilff.
Les questions abordées, parfois complexes pour les non-initiés, mais très intéressantes pour tous étaient nombreuses, Il a été question de la richesse de l’examen des cartes et vues aériennes et de la découverte des limites, des cheminements, des équilibres dans l’espace Tilffois. Le recours à des photos de toutes époques s’est ajouté aux sources, témoignant d’une lecture à la fois géographique et historique. Lecture permettant enfin de découvrir les valeurs d’une société qui s’y expriment aussi.
Il a été question de la part des citoyens comme acteurs de l’espace public, espace « médium », espace qui relie, qui va à l’encontre de l’individualisme. Mais aussi comme acteur dans l’orientation même que la collectivité donne ou non à cet espace, à l’image de sa vision, de son projet pour elle-même.
Intervenir dans le paysage est un acte de responsabilité a-t-on dit….
Enfin, un des nombreux thèmes spécifiques à l’entité tilffoise– tous ne pouvaient être évoqués en si peu de temps –a été abordé : la relation de la ville à son cours d’eau. L’eau est source de vie, elle représente aussi un risque et la ville doit s’en protéger. La rive est une rencontre complexe entre ces deux milieux. L’urbanisation apporte des modifications profondes aux cours d’eau. A l’inverse, l’eau engendre constamment des mutations dans le territoire.
Quelles interactions existent aujourd’hui –existeront demain ? – entre les habitants et l’Ourthe ?
L’Exposition : les 17, 18 et 19 mars 2017 au château de Brunsode
Les solutions d’aménagement d’espaces publics étaient proposées par les étudiants, non comme solutions définitives à adopter telles quelles mais plutôt en vue de mettre en évidence des potentiels. Le but étant d’abord de montrer de nouvelles façons de voir, et de faire naître ainsi une prise de conscience des décideurs et habitants.
L’approche proposée lors de la conférence et du débat qui a suivi ainsi que les projets présentés à l’exposition, résultat de l’investissement d’une bonne centaine d’étudiantes et d’étudiants, nous ont conviés à imaginer un autre futur pour le centre de Tilff, un futur qui veille à préserver le lien entre le citoyen et son environnement.
Enfin, last but not least, des enfants des écoles de Tilff (5e et 6e années primaires école communale et école Ste Marie) ont été invités à s’exprimer sur les lieux qu’ils désiraient voir améliorer. Leurs dessins, plus de 70, ont été exposés dans le même espace que les travaux de leurs aînés et ont suscité beaucoup d’intérêt. Le comité remercie les enseignants d’avoir été les catalyseurs de leur participation et de leur créativité. L’apport des enfants à la réflexion commune est un acte de citoyenneté qui fait plaisir. Leurs projections témoignent en outre de la perception aiguë, pour bon nombre d’enfants, qu’ils ont des réalités de leur environnement, à propos duquel beaucoup se sont montrés concernés. Ce n’est pas le moindre des succès pour le futur !
Une contribution au débat citoyen, modeste mais engagée.