Pour notre seconde soirée littéraire de l’année, nos invités étaient Jean-Marie Klinkenberg, professeur émérite à l’ULiège et Laurent Demoulin, chef de travaux dans la même institution. Ensemble, ils ont co-écrit Petites mythologies liégeoises (2016), aux éditions Tétras Lyre. Quant à Laurent Demoulin, il est l’auteur du très beau Robinson (2016), paru chez Gallimard et qui a obtenu, quelques jours après notre soirée, le prix Rossel, qu’on appelle souvent le Goncourt belge.
Nos invités du jour, Jean-Marie Klinkenberg et Laurent Demoulin, sont des représentants de deux générations de chercheurs et d’enseignants sur la langue et la littérature française de l’ULiège. Cependant, pas de fossé de générations entre eux, car ils ont écrit ensemble l’essai pour lequel nous les avons invités : Petites mythologies liégeoises (2016). Ce petit livre plein d’humour prolonge à sa manière un ouvrage préalable – et plutôt caustique – de Jean-Marie Klinkenberg, Petites mythologies belges.
JEAN-MARIE KLINKENBERG
Aujourd’hui professeur émérite du département de langues et littératures romanes de l’Université de Liège, Jean-Marie Klinkenberg appartient à la génération de chercheurs qui, dès la fin des années soixante, ont voulu dépoussiérer l’étude de la langue et de la littérature en s’inspirant de l’approche de la linguistique moderne.
Lui-même a mené ses recherches dans deux directions : la sémiotique (études des systèmes de signes et de significations) et les cultures francophones (notamment Québec et Belgique francophone).
Il a fondé à l’Université de Liège une chaire qui s’appelle « Sémiotique et rhétorique ».
Laurent Demoulin (à gauche) et Jean-Marie Klinkenberg (à droite) (Ph. Thomas Begon)
Au sein du groupe Mu, il a en effet contribué dès la fin des années soixante à renouveler l’approche de la rhétorique (Rhétorique générale, Seuil, 1970), tout en se spécialisant de son côté dans le domaine de la sémiotique, principalement visuelle (Précis de sémiotique générale, Seuil, 2000).
En parallèle, il a longtemps dirigé le premier « Centre d’études québécoises » d’Europe et fondé le « Centre d’étude de la littérature francophone de Belgique ».
Il mène également une réflexion engagée sur la langue et la citoyenneté (La Langue dans la cité. Vivre et penser l’équité culturelle, Les Impressions nouvelles, 2015), qui a reçu le Prix du livre politique liégeois en 2016.
Auteur de plus de 600 publications, dont une trentaine de livres, il a mis en application avec humour sa réflexion sur la sémiotique dans ses Petites mythologies belges (Labor, 2003 et Les Impressions nouvelles, 2013), ainsi que dans Petites mythologies liégeoises (Tétras Lyre, 2016), co-écrit avec Laurent Demoulin.
LAURENT DEMOULIN
Chef de travaux au département de langues et littératures romanes, Laurent Demoulin est à la fois chercheur et enseignant, poète, journaliste… Auteur d’une thèse de doctorat sur le poète Francis Ponge et entre autres spécialiste du romancier Jean-Philippe Toussaint, il a reçu le Prix Marcel Thiry en 2009 pour son recueil poétique Trop tard (2007). Il est également conservateur du Fonds Georges Simenon de l’ULiège.
En 2016, il a publié Robinson, dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard, ainsi que Petites mythologies liégeoises, avec Jean-Marie Klinkenberg. En novembre 2017, Robinson a reçu le prix Victor Rossel.
PETITES MYTHOLOGIES LIÉGEOISES
Petites mythologies liégeoises est un petit ouvrage alerte, dynamique, plein d’humour, qui a parfois la dent dure. Des textes courts, incisifs et drôles qu’on a du mal à abandonner. Cependant, sans vouloir se lancer dans un cours de théorie littéraire, il est utile, pour bien comprendre l’enjeu critique de ces Mythologies, de décrire un peu le contexte intellectuel dans lequel elles s’insèrent.
A l’origine, donc, ce livre de Roland Barthes, Mythologies, paru en 1957. C’est un livre marquant, une référence qui a fait date. Laurent Demoulin nous a brièvement présenté Roland Barthes, qu’il décrit comme un pionnier de la modernité critique, un « ouvreur de nouvelles pistes » qui a travaillé sur les thèmes les plus divers : critique littéraire, sémiologie, autobiographie, etc.
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